Et puis… je réalise que ce qui se passe au niveau national est exactement ce que nous vivons au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.
Nous sommes entrés dans une période où il est devenu presque impossible d’avoir des interlocuteurs fiables pour travailler sérieusement et régler les problèmes. Quasiment aucun. Ni au sommet de l’État, ni au Conseil régional. Même logique partout : jamais responsables, jamais en tort, jamais dans l’autocritique. Et dès que tu as le dos tourné, on te rajoute une couche.
Et quand tu leur dis que les alertes ne sont jamais prises en compte, que ce qu’on remonte ne sert à rien, la réponse est toujours la même : « si, si, il y a du dialogue social ». Sauf que ce n’est pas du dialogue. C’est de la réunionite stérile. Des réunions qui servent surtout à prendre connaissance en amont des sujets qui vont remonter — non pas pour résoudre, mais pour préparer des éléments de langage. Ils ne cherchent pas à construire. Ils cherchent à contrôler. Et à verrouiller.
Je pourrais donner des dizaines d’exemples.
J’me lance, rien que celui-là : en 2023, l’UNSA syndicat majoritaire (dans toutes les instances à la Région) donne notre accord sur la réforme des primes des agents — forcément, il fallait bouger après le fiasco de l’harmonisation vers le bas des salaires des agents de la Région Bourgogne-Franche-Comté, il fallait rouvrir le dossier — et au dernier moment, le DGS sortant fait passer en même temps une hausse des primes des hauts dirigeants jamais évoquée en amont !
Et voilà qu’ils remettent ça aujourd’hui.
Profitant du changement de présidence entre Marie-Guite Dufay et Jérôme Durain, et du moment de flottement avant l’arrivée du nouveau DGS, une nouvelle hausse des primes des DGS/DGA est soumise au vote. Toujours au bon moment (pour eux).
Liberté, Égalité, Fraternité ? Non : Liberté, Égalité, Indemnités.
Et les doubles discours aux agents… Je viens encore d’entendre finalement un clone d’Emmanuel Macron répondre à une collègue inquiète de ne voir aucune perspective d’évolution dans son cadre d’emploi, un truc du genre « bougez, changez de poste, prenez des responsabilités si vous voulez un avancement de grade ou une promotion ». Mais eux, hauts dirigeants, ne sont pas concernés par cela : immobilisme total. Même si la collectivité prenait l’eau de toutes parts, ils continueraient d’avancer — hors-classe, échelons exceptionnels, plafonds indemnitaires maximum. Ils engrangent. Toujours.
Leur discours est toujours irréprochable quand il s’agit de se servir en premier, puis vient systématiquement le refrain pour les autres : « c’est compliquéééééééé », « il faut faire des efforts », « il faudra renoncer à des droits, à des congés, à des retraites”.
Ces gens — à Paris comme à la Région — ont transformé le dialogue social en façade. Ils n’échangent plus. Ils imposent. Et s’étonnent ensuite de ne pas être soutenus dans les réformes ?
Et c’est précisément pour ça que le syndicalisme reste indispensable. Ce n’est pas le moment de baisser les bras. C’est maintenant qu’il faut soutenir le syndicalisme. On ne va pas les laisser faire !
